Les acteurs franciliens se mobilisent contre le bruit et ses effets sur la santé

Problème de bruits, problèmes de santé

Les conséquences sur la santé de l’exposition au bruit sont souvent méconnues, voire négligées. Elles sont pourtant multiples et potentiellement graves, et concernent une très large partie de la population. A l’échelle mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé estime ainsi que 466 millions de personnes souffrent d’une déficience auditive handicapante – dont 34 millions d’enfants.
Les jeunes, de fait, sont particulièrement concernés – en particulier en raison de pratiques récréatives à risque, avec de fréquentes écoutes prolongées à un niveau sonore trop important, individuellement ou dans le cadre d’événements festifs. 50% des personnes âgées de 12 à 35 ans risquent ainsi une altération de leur audition à l’échelle mondiale, soit un niveau cohérent avec les études conduites en France, où la moitié des jeunes adultes (18 à 24 ans) déclarent ressentir ou avoir déjà ressenti des acouphènes.

Les effets du bruit sur la santé humaine sont multiples et peuvent affecter également la vie sociale des personnes subissant des pertes auditives.

Les atteintes auditives sont définitives et handicapent à vie les personnes qui en souffrent.

Or, les usages de la musique nomade se sont très largement développés conduisant les enfants et les adolescents à s’exposer plusieurs heures par jour à l’écoute de la musique à des niveaux sonores élevés avec un casque ou des écouteurs. Par ailleurs, ce sont les adolescents et les jeunes adultes qui fréquentent le plus souvent les lieux diffusant de la musique amplifiée, tels les discothèques, les salles de concert ou les festivals en plein air.

C’est donc face à ce constat et à la nécessité d’agir à tous les âges, que le PRSE3 met l’accent sur les actions de prévention visant, au travers de l’action 4.2, à protéger les jeunes franciliens des risques auditifs liés notamment à l’écoute et la pratique de la musique, en développant avec ses partenaires diverses approches de sensibilisation des jeunes publics aux risques auditifs visant à réduire les comportements à risque.

Ainsi, Bruitparif, le CIDB et le RIF ont été associés à l’élaboration du PRSE3 et sont aujourd’hui mobilisés dans des actions de sensibilisation auprès des collégiens et les lycéens.

Focus BRUITPARIF

L’association Bruitparif, centre d’évaluation technique de l’environnement sonore en Île-de-France, réunit ainsi les représentants de l’Etat, des collectivités territoriales, des acteurs économiques et du monde associatif. Elle est en charge d’assurer la surveillance de la qualité de l’environnement sonore en Île-de-France, d’apporter son expertise et son appui à la définition des politiques publiques et de concevoir et réaliser des actions de prévention à destination de différents publics francilien. Surtout, Bruitparif réalise et publie régulièrement des études portant sur le niveau et les conséquences de l’exposition au bruit pour les habitants de l’Ile-de-France : notamment son rapport consacré en février 2019 aux impacts sanitaires du bruit des transports dans la zone dense de la région Île-de-France.

L’action 3.2 du PRSE3 relative au dispositif de surveillance et d’aide à la décision en matière de gestion des nuisances environnementales aéroportuaires comporte par ailleurs un volet confié à Bruitparif, avec une campagne de mesures des nuisances sonores autour des trois principaux sites aéroportuaires de la région (sous action 3.2.2).

Bruitparif a ainsi développé une mallette pédagogique nommée “Kiwi ?” mise à disposition des établissements scolaires (collèges et lycées) pour permettre aux professeurs de réaliser des interventions, à l’aide d’un outil numérique, permettant aux élèves d’évaluer leurs propres expositions aux différentes sources de bruit.

Le bilan du programme "kiwi ?" sur la période 2015-2018 est consultable sur le site de Bruitparif.

(crédit photo : Bruitparif)

Bruitparif peut également intervenir pour mener des actions de sensibilisation particulières, notamment en mettant à disposition une tête acoustique permettant aux jeunes de tester le niveau sonore engendré par leurs écouteurs.

(crédit photo : Bruitparif)

Son équipe était ainsi par exemple présente lors de la dernière Journée nationale de l’Audition aux côtés de l’Agence régionale de santé, dans un établissement scolaire des Yvelines, afin de sensibiliser six classes de quatrième.

Le RIF, réseau des lieux de musiques actuelles/amplifiées, propose un dispositif éducatif à destination des élèves de 4ème à la terminale,sous la forme d’un spectacle nommé “Peace and lobe”mêlant messages pédagogiques et concert avec des professionnels de la musique. Sur l’année scolaire 2017-2018, ce sont près de 10 000 élèves et 675 accompagnants (enseignants, équipes pédagogiques) qui ont bénéficié de ce spectacle en Ile-de-France.

Le CIDB organise également des actions de sensibilisation adaptées aux différentes catégories d’âges, de l’école primaire au lycée, à la demande des établissements scolaires.

Dans le cadre de l’appel à projets PRSE3, plusieurs lauréats ont développé des actions de prévention complémentaires à celles menées par les partenaires “historiques” du PRSE3 :

  • L’association Avenir Santé a ainsi développé un projet dont les cibles sont les jeunes adultes, dans le cadre de pratiques festives. Elle intervient pour cela directement auprès des publics concernés, au cœur des rassemblements festifs, mais aussi auprès des diffuseurs de musique amplifiée (afin de les rendre acteurs et relais de la prévention). Depuis juin 2018 et jusqu’en juin 2019, ce sont ainsi 21 jeunes intervenants, volontaires en service civique et bénévoles, qui interviennent sur les sites de 10 événements festifs. Au total, 3 500 jeunes seront rencontrés à l’occasion de festivals (ex : Download, Apéro électronique, Solidays…) et lors de soirées étudiantes, sous forme d’espaces fixes de prévention ou en déambulation via des démarches « d’aller-vers » adaptées aux publics les plus vulnérables (s’exposant davantage aux risques).
  • L’intervention de l’association Audition Solidarité s’adresse quant à elle aux musiciens et apprentis musiciens inscrits dans divers Conservatoires de la région, en particulier via la mise en place de « semaines de la prévention ». L’enjeu : sensibiliser l’ensemble des usagers et acteurs de ces conservatoires, élèves mais aussi parents d’élèves, professeurs, personnels administratifs aux enjeux de la prévention auditive, et former les professeurs à contribuer activement à cette dernière. Plus de 5000 élèves en ont ainsi bénéficié entre avril 2018 et février 2019 dans 6 conservatoires de l’Essonne et du Val-de-Marne.
  • Le projet du CODES 93 concilie sensibilisation de jeunes en insertion aux risques auditifs, mais aussi formation et « empowerment » de ces mêmes jeunespour qu’ils contribuent directement à sensibiliser d’autres jeunes en insertion, et auprès d’étudiants de Seine Saint-Denis.
Au-delà de chaque action du plan prise individuellement : construire et renforcer une réelle communauté d’acteurs

De la même manière que le CODES 93 poursuit un double objectif en matière de prévention et en matière d’insertion, l’ambition du PRSE3 dépasse celle de chacune de ses actions prises individuellement. Il s’agit tout autant de conduire ces dernières que de les utiliser comme leviers pour la construction et le renforcement d’une véritable communauté d’acteurs, ici autour de la prévention des risques auditifs mais plus largement autour de l’ensemble des problématiques de santé environnementale. La dernière réunion du GRSE a ainsi contribué à renforcer les liens de certains organismes, comme Bruitparif et le CODES 93 en matière de risques auditifs, mais aussi l’INSERM et l’association Itawa sur les questions de réduction de l’exposition des plus petits aux polluants.
Une mise en commun qui se situe au cœur du déploiement du PRSE3 et du futur réseau des acteurs franciliens de la santé environnementale.

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