Concilier prévention auditive et accompagnement de jeunes en insertion

Quels sont les objectifs de votre projet ?

Nous travaillons depuis très longtemps avec des jeunes en insertion, en partenariat avec plusieurs types de structures qui elles-mêmes accompagnent des jeunes dans des situations difficiles, que ces jeunes soient en situation d’échec avancé, parfois placés sous l’autorité de la justice, ou diplômés à un niveau bac +5. Ils sont pris en charge selon les cas par les Missions Locales, l’Ecole de la 2ème chance, les Espaces Dynamiques d’Insertion… En lien avec toutes ces structures, ce projet poursuivra trois objectifs :

  • Il s’agit d’abord d’intervenir auprès de ces jeunes en insertion pour les sensibiliser aux risques auditifs et à leurs conséquences sur la santé,
  • Ensuite de mobiliser ces jeunes et de les placer dans une démarche active, en les formant à se protéger mais également à être acteurs d’éducation pour la santé auprès d’autres jeunes en insertion,
  • Enfin, de les amener à intervenir eux-mêmes auprès des étudiants de l’Université Paris 13, sur les campus de Bobigny et de Villetaneuse.

Comment va-t-il se dérouler ?

Les modalités d’intervention sont pour partie encore à préciser avec nos structures partenaires. Mais la logique sera en tous les cas la même. Les jeunes inscrits dans ces structures d’insertion y suivent des cycles de rencontres, d’activités et d’ateliers. Sur un plan très pratique, l’idée de ce projet est de s’insérer dans l’un de ces cycles afin de proposer une série d’ateliers pour aborder les pratiques d’écoute et les risques qu’ils entraînent, mais aussi des manières de faire évoluer son propre comportement, et d’aller vers d’autres jeunes pour échanger sur leurs pratiques. Il ne s’agit pas seulement d’information, c’est de la mise en capacité pour qu’ils puissent devenir eux-mêmes des acteurs de santé, intervenir sur ce sujet auprès de leurs pairs. Cela demande de travailler avec des techniques d’animation participatives, depuis des sessions de « brainstorming » jusqu’à des jeux de rôles, pour permettre à ces jeunes d’acquérir des savoirs mais aussi des compétences pour communiquer sur ces risques auditifs. Le tout est animé par une équipe de 4 personnes, en particulier 2 chargées de projets qui seront davantage à la manœuvre pour ces sessions de formation.

A la fin de chaque cycle d’ateliers, les jeunes qui y auront participé pourront prendre le relai et intervenir avec nous auprès d’autres jeunes en insertion et auprès d’étudiants de Seine Saint-Denis, directement dans les universités.

En quoi ce projet est-il innovant ?

Il est innovant en ce qu’il concilie plusieurs approches. Parce que ce qui est recherché c’est aussi finalement un renforcement de leurs compétences psychosociales : en travaillant sur les risques auditifs, on va leur permettre de travailler sur leur insertion. Les savoir-faire et savoir-être qu’on espère leur permettre de développer seront aussi valorisables dans leur parcours de vie, leurs CV.

Pour des jeunes en insertion, ce n’est pas rien de se retrouver en situation de s’adresser à des étudiants d’université ou devant tout autre public afin de leur faire passer des messages. Dans certains cas, ils sont en capacité de lire, écrire, analyser les choses avant même le début de nos ateliers, dans d’autres on viendra de plus loin avec des situations sociales vraiment compliquées et peu propices à se poser et à réfléchir, encore moins peut-être à communiquer. Notre objectif, c’est aussi de contribuer à dépasser ces situations. On sait très bien qu’on ne surmontera pas tout cela d’un coup, que ça prendra du temps, et les jeunes les plus en difficulté ne seront sans doute pas ceux qui participeront le plus vite au projet. Mais c’est bien ça qui rend une démarche comme celle-là importante. En s’emparant de ce sujet de santé publique, on espère au final agir sur la conscience qu’ils ont d’eux-mêmes, les aider à se valoriser et ainsi à se donner les moyens d’avancer concrètement dans leurs parcours de vie.

La santé auditive, comme toutes les autres problématiques sanitaires, renvoie aux autres déterminants et risques de santé, avec lesquels elle interagit. On ne l’améliorera pas si on n’améliore pas le reste : ne serait-ce que l’image que certains jeunes ont d’eux-mêmes, ou leurs compétences psychosociales. Travailler sur l’une, c’est aussi, de ce point de vue, travailler sur tout ce qui fait un individu – et tout ce qui fait sa santé.

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