La qualité de l’air en Ile-de-France et ses impacts sur la santé

La qualité de l’air extérieur représente un enjeu régional depuis de nombreuses années. On assiste récemment à une prise de conscience renforcée des habitants et des pouvoirs publics sur l’impact sanitaire de cette situation.

En 2015, 1,6 millions de Franciliens et plus d’un Parisien sur deux étaient potentiellement exposés à des valeurs annuelles de dioxyde d’azote (NO2 ) supérieures au seuil réglementaire.

LES PRINCIPAUX POLLUANTS

Les polluants en cause sont :

  • les polluants primaires, directement issus des sources de pollution, par exemple les oxydes d’azote, les particules (classées en PM 10, PM 2,5 et PM 0,1), les oxydes de soufre ou d’azote, les composés organiques volatils, le monoxyde de carbone, les hydrocarbures aromatiques polycycliques….
  • les polluants secondaires, issus notamment d’une transformation des polluants primaires au sein du grand réacteur chimique qu’est l’atmosphère. Il s’agit en particulier de l’ozone (O3) issu de la transformation du NO2 par le rayonnement ultraviolet, des acides (HNO3, H2SO4 par transformation des oxydes correspondants), des aldéhydes…

LES RISQUES SANITAIRES DE L’EXPOSITION A LA POLLUTION ATMOSPHERIQUE

L’interaction entre pollution atmosphérique et pathologies respiratoires se fait selon 3 grands mécanismes principaux :

  • La cancérogénèse, qui est le fait essentiellement des particules, mais favorisée par les irritants ;
  • La réaction inflammatoire des voies aériennes qui est le fait des irritants gazeux et aussi des particules et qui peut participer à la cancérogenèse ;
  • L’interaction avec les pollens : d’une part par l’irritation des voies aériennes qui augmente la
    réactivité et par l’augmentation du nombre d’allergènes émis par les pollens (interaction avec les particules).

L’inflammation locale au niveau des poumons va se propager via la circulation sanguine et conduire également à la survenue ou à la décompensation de maladies cardiovasculaires.

De nombreuses études épidémiologiques ont établi l’existence d’effets sanitaires de la pollution atmosphérique observés pour des niveaux d’exposition couramment rencontrés dans l’agglomération parisienne. Deux types d’effets ont pu être mis en évidence :

  • des effets à court terme qui surviennent quelques jours ou quelques semaines après l’exposition : effets bénins (toux, hypersécrétion nasale, expectoration, essoufflement, irritation nasale des yeux et de la gorge…) ou plus graves (recours aux soins pour causes cardiovasculaires ou respiratoires, voire même décès) ;
  • des effets à long terme qui font suite à une exposition chronique sur plusieurs mois ou plusieurs années.

La majeure partie des impacts de la pollution atmosphérique sur la santé résultent surtout d’une exposition au jour le jour, à long terme.

Que ce soit à court ou à long terme, les résultats des études épidémiologiques, notamment pour les particules fines, sont en faveur d’une relation sans seuil entre l’exposition aux particules et un effet sur la santé. Par conséquent, il n’existe pas de seuil en deçà duquel il n’y aurait pas d’effet.

L’IMPACT SANITAIRE DE L’EXPOSITION AUX PARTICULES

Santé publique France a publié en juin 2016, les résultats d’une évaluation quantitative des impacts sanitaires (EQIS) qui rendent compte de l’impact de la pollution de l’air en calculant le « poids » que représente cette pollution dans la mortalité en France et en régions (Host and Legoût 2016, Pascal, de Crouy Chanel et al. 2016). Cette évaluation permet également de quantifier les bénéfices sanitaires attendus d’une amélioration de la qualité de l’air.

Si toutes les communes atteignaient les concentrations les plus faibles observées dans les communes équivalentes (en termes de type d’urbanisation et de taille), de l’ordre de 7 000 décès seraient évités chaque année en Île-de-France (34 000 décès en France). Ceci représenterait un gain moyen de 12 à 19 mois d’espérance de vie à 30 ans selon le département. Ces bénéfices ne seraient pas observés uniquement dans les grandes villes, mais également dans les villes de taille moyenne et dans les communes rurales.

Host and Legoût 2016, Pascal, de Crouy Chanel et al. 2016

DES POPULATIONS PLUS VULNÉRABLES

Chacun est concerné par l’exposition à la pollution atmosphérique, toutefois certaines personnes sont plus vulnérables ou plus sensibles que d’autres à une altération de la qualité de l’air : il s’agit des enfants, des femmes enceintes au regard de l’exposition in utero du fœtus, des personnes âgées ou encore des personnes déjà fragilisées par une pathologie préexistante (maladies respiratoires chroniques, asthme en particulier, et maladies cardio-vasculaires, …).

De plus, les grandes agglomérations telles que l’agglomération parisienne sont caractérisées par des contrastes marqués de niveaux et de composition chimique de la pollution atmosphérique, en particulier, selon que l’on se situe à l’écart ou à proximité des voies à fort trafic routier. La pollution issue du trafic routier pose ainsi des problèmes sanitaires spécifiques avec une majoration du risque sanitaire. A titre d’illustration, l’ORS Île-de-France a réalisé une EQIS de la proximité au trafic routier (Host, Chatignoux et al. 2012). Les résultats de cette EQIS indiquent que cette proximité aux axes à fort trafic routier était responsable de 16 % des nouveaux cas d’asthme chez les enfants (< 18 ans).

Pour aller plus loin : Retrouver toutes les informations sur la qualité de l’air en Ile-de-France sur : https://www.maqualitedelair-idf.fr/ Pour disposer de données quantitatives sur la qualité de l’air, consulter le site Internet d’Airparif, l’association agréée par le Ministère en charge de l’écologie pour surveiller la qualité de l’air en Ile-de-France et informer les franciliens : www.airparif.asso.fr

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