Chenilles processionnaires du pin : une nouvelle cartographie de la colonisation de l’Ile-de-France

Dans le cadre de l’action 1.2 du PRSE3, l’INRAE (Unité de Recherche de Zoologie Forestière) intervient en Ile-de-France pour cartographier la colonisation de la processionnaire du pin. Ce travail consiste à prospecter le territoire régional pour chercher et géoréférencer des nids d’hiver de chenilles processionnaires, ainsi qu’à rassembler divers signalements (DSF, FREDON, ARS, collectivités territoriales, entreprises du paysage, particuliers,) pour produire une carte de présence/absence selon une grille de 8 km x 8km.

La processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) a été signalée la première fois en Ile-de-France à la fin des années 1990. A l’hiver 2000-2001, seul 1 % du territoire était connu pour être colonisé. Aujourd’hui, on peut considérer que 84% de l’Ile-de-France font partie de l’aire de distribution de l’insecte.

La part du territoire faisant partie de l’aire de l’insecte depuis plus de 5 ans est de 65%. Cette partie peut être considérée comme soumise à un risque sanitaire plus important, là où les conditions locales sont favorables au développement des populations de l’insecte (abondance d’arbres-hôtes, notamment les pins noirs et les pins sylvestres).

Entre l’hiver 2015-2016 et l’hiver 2020-2021, l’aire d’installation de l’insecte a progressé de 30%. A ce rythme, l’ensemble de l’Ile-de-France sera colonisé dans les 5 prochaines années.

19% du territoire peuvent être considérés en "zone de vigilance" (récemment colonisé ou sur le point de l’être = en jaune sur la carte).

Une autre espèce de chenilles processionnaires s’est fortement développée en Ile-de-France ces dernières années : il s’agit de la processionnaire du chêne. Pour cette espèce, il est beaucoup plus difficile de cartographier son aire de distribution, car les signes permettant de détecter sa présence sont plus difficilement perceptibles et présents sur une période plus courte de l’année (nids dans les arbres souvent plus discrets, pas de processions au sol, …). Elle n’est facilement détectable que lors de pullulations. Ne pas la voir ne signifie pas qu’elle n’est pas présente et qu’elle ne pourra pas proliférer à l’avenir.

Des travaux en cours pour mieux agir

L’INRAE poursuit d’autres études visant à suivre et à dénombrer la population de papillons tout au long de l’été à l’aide d’un réseau de pièges à phéromone connectés dans le but de développer un modèle permettant de prévoir les périodes d’apparition des stades larvaires à risque à partir des dates de vol des papillons et ainsi adapter la mise en œuvre des méthodes de gestion. D’ici fin 2022, une première version de ce modèle sera appliquée aux données collectées en Ile-de-France durant le PRSE3 afin de conduire une première évaluation de sa pertinence sur la génération 2022-2023 de l’insecte.

| Yves Lanceau
Crédit photo : Yves Lanceau

Des prototypes permettant également de détecter les processions de chenilles processionnaires du pin sont en cours de développement et de test dans le cadre d’une collaboration avec deux TPEs et un laboratoire universitaire d’informatique. La période des processions de nymphose étant la plus à risque, l’objectif est de pouvoir alerter en temps réel les gestionnaires et les usagers des espaces à risque (espaces forestiers, espaces verts boisés, …).

Processionnaires du pin et du chêne : deux espèces désormais classées nuisibles à la santé humaine

L’ANSES a publié en 2020 un rapport démontrant, à partir de l’analyse des données des centres antipoison relatives aux expositions aux chenilles processionnaires entre 2012 et 2019, que le nombre de dossiers annuels d’intoxication à ces chenilles avait été multiplié par 4 sur cette période. (Anses - rapport d’étude daté du 19 juin 2020).

Suite à ce rapport, la Direction générale de la santé a souhaité inscrire la processionnaire du pin et la processionnaire du chêne dans la liste réglementaire des espèces végétales et animales dont la prolifération est nuisible à la santé humaine (Art D. 1338-1 du code de la santé publique). Le décret n° 2022-686 du 25 avril 2022 relatif à la lutte contre la chenille processionnaire du chêne et la chenille processionnaire du pin confirme ce classement.

Des risques pour la santé

Les deux espèces produisent des poils urticants au cours de leur développement larvaire, très volatiles. Les risques d’intoxications, intervenant sous formes d’éruptions cutanées très douloureuses (démangeaisons et brûlures vives), d’irritations oculaires et de gênes respiratoires, surviennent à deux périodes distinctes pour les deux espèces :
- pour la processionnaire du pin : de janvier à avril
- pour la processionnaire du chêne : de mai à juillet

Il convient de ne pas s’approcher des chenilles lors de leurs processions (période au cours de laquelle les chenilles descendent en procession de leur nid en haut des arbres pour aller s’enfouir dans le sol pour se transformer en chrysalide) ni de leurs nids dans les arbres ou tombés au sol, car ceux-ci contiennent des millions de poils restant urticant plusieurs mois après leur émission.

En cas de symptômes, il est conseillé de contacter son médecin traitant ou le centre antipoison. En cas de difficultés respiratoires, appelez les services de secours en composant le 15 ou le 112.

Le signalement de foyers de chenilles processionnaires du pin ou du chêne peut être réalisé, par les collectivités ou les particuliers, sur la plateforme web Observatoire des chenilles processionnaires.

Une plaquette d’information est également disponible sur ce site : Flyer " Ne pas toucher "

Crédit photo titre de l’article Jérôme Rousselet - INRAE

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