Caméras thermiques, kits moisissures : de nouveaux outils pour qualifier l’état des logements

L’habitat : un déterminant majeur de santé

Des conditions de logement inadaptées peuvent affecter notre santé physique en causant des pathologies provoquées par une mauvaise qualité de l’air intérieur, la présence d’humidité et de moisissures ou parce que ces habitats favorisent la propagation de maladies infectieuses. Ces logements peuvent également affecter notre santé mentale puisque le fait d’habiter dans un logement dégradé conduit à un processus de stigmatisation, de dégradation sociale, de perte d’estime de soi et peuvent être à l’origine de dépression et d’anxiété.

L’Ile-de-France : une région particulièrement impactée

La lutte contre l’habitat indigne (LHI) représente aujourd’hui un enjeu de santé publique majeur et plus particulièrement en Ile-de-France où près de 170 000 logements privés seraient potentiellement indignes, soit 4,4 % des résidences principales privées [1]. Parallèlement, entre 7,5 à 14% des ménages franciliens seraient en précarité énergétique [2]. Ces problématiques peuvent également être associées à des enjeux de qualité de l’air intérieur mais également de moisissures puisque 25 % des logements investigués en Ile-de-France présentent au moins une tache d’humidité ou de moisissures [3].

La prise en compte de nouveaux critères d’insalubrité : une démarche expérimentale innovante

C’est dans ce contexte régional défavorable que l’ARS Ile-de-France a proposé, au travers de l’action 4.5 du PRSE 3, d’étudier à titre expérimental l’intégration de nouveaux critères dans l’évaluation de l’insalubrité des logements. Cette action s’inscrit dans une démarche pérenne d’amélioration des pratiques dans le cadre des missions de la lutte contre l’habitat indigne. L’utilisation de la caméra thermique et des kits de prélèvements de moisissures ont donc été expérimentées dans les pratiques de terrain d’inspecteurs de salubrité lors des enquêtes réalisées au sein des logements de 4 territoires d’expérimentation.

Des retours de terrain prometteurs

Ces nouveaux équipements ont été testés au cours des enquêtes aux domiciles d’une cinquantaine de familles dans lesquels il était nécessaire d’objectiver la présence de moisissures ou d’étudier plus finement, par exemple, l’isolation thermique du logement.

Cette expérimentation permet de mettre en avant l’intérêt de la caméra thermique en tant qu’outil de détection et de visualisation des zones de déperditions thermiques, en tant qu’outil pédagogique pour le propriétaire ou les partenaires lors de la visite afin de mieux orienter les travaux de mise en conformité. Les images produites grâce à la caméra thermique offrent une réelle plus-value afin d’illustrer les atteintes du bâti parfois invisibles dans certains dossiers complexes. Cette prise en compte permet notamment de mettre en lumière de manière plus aisée le lien entre la présence de moisissures et les déperditions causées par la présence de ponts thermiques ou des infiltrations.

La visite de ce logement, récemment rénové, sans caméra thermique n’aurait pas permis de repérer le défaut d’isolation de la cloison (zone bleue) indiquant un phénomène de pont thermique et d’infiltration du mur, favorable au développement de moisissures.

Les kits de moisissures quant à eux constituent une méthode de prélèvement simplifiée qui permet d’identifier ou de caractériser, dans les dossiers les plus complexes, les moisissures présentes sur une surface ou un matériau, en particulier celles à l’origine d’allergies respiratoires.

Des outils déployés à l’échelle de la région

Afin que l’utilisation de ces outils innovants s’inscrive dans une évolution régionale des pratiques, l’ARS Ile-de-France a équipé et formé l’ensemble de ses agents intervenant à l’échelon départemental. L’intégration de ces nouveaux critères de qualification de l’insalubrité s’ajoute aux travaux actuellement en cours de déploiement d’un nouveau système d’informations de gestion et suivi des procédures d’insalubrité.

[1] Institut d’Aménagement et d’Urbanisme (2018), L’Habitat indigne et dégradé en Ile-de-France –Etat des lieux des enjeux et politiques
[2] ORS Ile-de-France (2014), Précarité énergétique et santé : état des connaissances et situation en Ile-de-France
[3] ORS Ile-de-France (2010), Effets sanitaires des moisissures dans l’habitat

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